lundi 30 janvier 2012

Sitting at the top of the world

Ardoises par L. Watt-Owen ©, Tréguier, 2011 / click to enlarge


Quand j'attrape mon stylo et un bout de papier ou que je pianote mon clavier, je dois chaque fois vaincre la sensation de chiqué : comment oublier le ravissement éprouvé, môme, quand je grimpais incognito la nuit sur le toit de la ferme en plein orage, pour écrire à la craie sur les ardoises et les tuiles en tenant tête aux éclairs et au vertige ? Ma main griffonnait toute seule sous la dictée du tonnerre et tout le tremblement. Mais bientôt une autre main, gigantesque, m'attrapait par la peau du cul et me redescendait sans ménagement sur le plancher des vaches. "C'est bien simple, si jamais tu remontes là-haut, c'est pas moi qui retournerai te chercher et rincé comme t'es faudra voir à pas venir te plaindre si t'attrapes la crève ! "  gueulait le pépé en chuchotant pour ne pas réveiller la mémé, mais elle nous attendait déjà dans la cuisine avec du lait bouillant, des torchons chauds, un pyjama sec, de la pommade bleue de marque Wicks Vaporub, de l'Aspro et un peigne.  Jamais je n'ai si bien dormi qu'après ces séances d'exaltation.
Au matin, je remontais lire ça, voir si je n'avais pas rêvé : Las !  La vie avait déjà renoirci le tableau.
L. W.-O.

Page inédite des Pentes fabuleuses.
Pour saluer d'un clin d'œil Élise L. , Olivier Verley, Jean Dézert et Christian Cottet-Émard

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